La Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est réunie en session extraordinaire à Accra, Au Ghana, ce 9 janvier 2022, sous la présidence de Son Excellence Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président de la République du Ghana et Président de l’Autorité de la CEDEAO. La session devait passer en revue les développements politiques en République du Mali, dans le contexte de la transition en cours dans le pays depuis le dernier Sommet tenu le 12 décembre 2021.
En effet, les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO présents, ont pris note du rapport de S.E. Dr Goodluck Jonathan, Ancien Président de la République Fédérale du Nigeria et Médiateur de la CEDEAO pour le Mali et le Mémorandum sur la situation politique au Mali présenté par S.E. Jean-Claude Kassi Brou, Président de la Commission de la CEDEAO.
Après délibérations, l’Autorité a constaté avec regret l’échec des autorités de transition au Mali à organiser les élections présidentielles d’ici le 27 février 2022, contrairement à l’accord conclu le 15 septembre 2021 et à l’engagement de la Charte de la transition.
L’Autorité déplore profondément le manque évident et flagrant de volonté politique des autorités de transition qui a conduit à l’absence de tout progrès tangible dans la préparation des élections, malgré la volonté de la CEDEAO et de tous les partenaires régionaux et internationaux d’accompagner le Mali dans ce processus. Elle prend acte des conclusions des Assises Nationales de la Refondation (ANR) du 13 décembre 2021, conduisant à l’adoption d’un Chronogramme sur la Transition au Mali. L’Autorité a noté que plusieurs parties prenantes importantes n’avaient pas participé à ces ANR. Le chronogramme remis le 31 décembre 2021 par les autorités de transition à la présidence de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, prévoit la tenue d’élections présidentielles d’ici fin décembre 2026. Cela impliquera une période de transition de six mois et demi (6,5) ans. Ce qui est totalement inacceptable, pour l’Autorité. Cela signifie simplement qu’un gouvernement militaire de transition illégitime prendra le peuple malien en otage au cours des cinq prochaines années. L’Autorité réitère son appel aux autorités de transition à se concentrer sur des activités visant à un retour rapide à l’ordre constitutionnel et à reporter les réformes clés aux institutions élues légitimes à mettre en place après les élections.
Au vu de ce qui précède, l’Autorité décide de maintenir les sanctions initiales déjà imposées au Mali et aux autorités de transition. Et décide également d’imposer des sanctions économiques et financières supplémentaires, conformément à ses délibérations lors de la soixantième session ordinaire tenue le 12 décembre 2021 à Abuja, au Nigéria. Ces sanctions supplémentaires comprennent :
-La fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Mali
-La suspension de toutes les transactions commerciales entre les pays de la CEDEAO et le Mali, à l’exception des produits suivants: biens de consommation essentiels, produits pharmaceutiques, les fournitures et équipements médicaux, y compris le matériel pour le contrôle du COVID-19, produits pétroliers et électricité.
-Le gel des avoirs de la République du Mali dans les Banques Centrales et Commerciales de la CEDEAO
-La suspension du Mali de toute aide des institutions financières de la CEDEAO (BIDC et BOAD).
Ces sanctions seront appliquées immédiatement et resteront en vigueur. Et ne seront progressivement levées qu’après la finalisation d’un chronogramme acceptable et convenu et le suivi de progrès satisfaisants réalisés dans la mise en œuvre du chronogramme des élections.
Par ailleurs, compte tenu de l’impact potentiellement déstabilisateur sur le Mali et sur la région, créé par cette transition au Mali, l’Autorité décide d’activer immédiatement la Force en Attente de la CEDEAO, qui devra être prête à toute éventualité.
Ainsi, la Conférence appelle l’Union africaine, les Nations Unies et les autres partenaires à soutenir le processus d’application de ces sanctions et à continuer d’apporter leur soutien à une transition politique acceptable.
Malgré le démenti du gouvernement de transition malien, l’Autorité reste profondément préoccupée par le rapport cohérent sur le déploiement d’agents de sécurité privée au Mali avec son impact potentiellement déstabilisateur sur la région de l’Afrique de l’Ouest. L’Autorité note que cette situation est étroitement liée à la transition politique au point mort dans le pays.
En fin, les chefs d’État et de gouvernement expriment leur profonde gratitude à S.E. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, pour son leadership dans la réussite du Sommet.